"Les Médiateurs du Pacifique" …(1)…

  
"Les médiateurs du Pacifique"…(1)…, un film exceptionnel sur la "négociation", la "résolution de conflits" par la "reconnaissance" et la réduction des "inégalités".
Réalisateur : Charles Belmont - mai 1997 - Production : MK2, La Sept Cinéma, RFO, MK2 Productions 2, I.N.A., Canal +.

Au moment (ce merc. 16/11/2011), où sort "L'ordre et la morale" de Mathieu Kassovitz…
(qui passera aussi au "Festival du Film du Pacifique Sud de Rochefort" du 25 au 29 Mai 2012,
voir programme ici), avec son "making-of" "Le Temps Kanak" de Olivier Rousset ) …

…revoir cette séquence (une des séquences clés) de ce documentaire exceptionnel sur la "négociation", la "résolution de conflits", par, entre autres,  la "reconnaissance" mutuelle, l'écoute mutuelle, le "donner le temps au temps", et la réduction des "inégalités"… :


“…Toutes sortes de gens qui viennent d’abord pour parler, pour faire part de leurs angoisses, qui viennent pour évoquer le passé…pour parler des dangers qu’ils courrent… Et au fur et à mesure du dialogue, j’ai l’impression que je contribue, je sers,…à provoquer un déséquilibre… Et en posant des question naïves, peut-être qu’on a jamais posées à ces gens, depuis très longtemps,… on aide à ce déséquilibre… et, finalement, c’est en créant ce déséquilibre que l’on peut permettre à des gens à se remettre en marche…”

extraits de "Les médiateurs du Pacifique" - film de Charles Belmont, projeté au "Festival des Films du Pacifique Sud" de Rochefort en juin 2008 -, présentation par le réalisateur Charles Belmont (extraits);
     " Avril 1988 : quelque part au bout du monde, sur l'île d'Ouvéa, la violence explose. Prise d'otages, assassinats, milices armées, la guerre menace. Guerre civile, […].

Comment empêcher la guerre en Nouvelle Calédonie ? Comment empêcher deux communautés de s'affronter ? Comment concilier Kanak & Caldoches qui ont tant de morts à se reprocher mutuellement? Comment arrêter l'engrenage ?
Le nouveau Premier Ministre, Michel Rocard, hérite de ce dossier devenu explosif. Il en fait son absolue priorité.
Sept hommes totalement différents seront les Médiateurs du Pacifique. […].
Vingt-deux jours pour renouer les fils. Vingt-deux jours pour écouter, pour se faire accepter. Pour parler, faire parler. Pour s'imprégner de la culture des uns et des autres. Comprendre leurs inquiétudes, marier leurs espérances. Pour imaginer un projet de vie démocratique dont chacun deviendrait acteur. Pour passer de la confrontation guerrière à l'acceptation mutuelle.

Le film raconte cette extraordinaire aventure. Parce qu'il s'agit d'une histoire singulière et méconnue. Parce qu'il s'agit d'une histoire exemplaire et reconnue. A l'heure où les menaces de guerre sont tout sauf éteintes, l'exemple des Médiateurs du Pacifique doit être popularisé.
La France faisant oeuvre de paix, quel message plus universel ?

[ ... ] cinéaste, j'ai réalisé peu de films; certains d'entre eux ont compté dans la vie des gens, et aussi dans la mienne. "Rak" est de ceux-là. C'est curieusement à travers ce film que Les Médiateurs du Pacifique est né.
Il y a un peu plus d’un an, "Rak" fut projeté et débattu en ma présence par des femmes et des hommes agissant en médiateurs dans leur vie quotidienne. J'ai découvert ce jour-là une fonction rare : celle qui consiste à amorcer dans un conflit une parole de proposition, une parole qui donne la liberté de croire que le conflit peut être assumé par tous, grâce à la médiation.

En 1988, sept hommes étonnamment libres d'agir allaient vivre en Nouvelle Calédonie, alors au bord de la guerre civile, une aventure unique. Ils sont choisis par Michel Rocard, tout juste Premier Ministre, pour une mission très spéciale: celle de dialoguer. Pour ce faire, Michel Rocard accède à leur demande de sortir du champ politique.
Dernier point: il offre à cette mission de médiation un « espace- temps » insolite, illimité et sans conditions.
Sur place, ces hommes vont alors agir ensemble, et aussi chacun dans son domaine propre ; ils vont jouer le rôle de témoin, d'exutoire, de reconnaissance des haines, des souffrances, et entraîner leurs interlocuteurs dans le domaine de l'utopie, imaginer avec eux une autre histoire, un autre avenir pour leur pays.
C'est à travers leur récit, d'abord enregistré, puis scénarisé, puis mis en scène, que j'ai filmé leur parcours émotionnel, intact aujourd'hui, comme sont encore chargées de vie les images filmées à l'époque.
Pendant les repérages, en présentant la coutume devant la tribu réunie de Gossanah - la coutume chez les Kanak c’est la clé qui peut vous ouvrir ou vous fermer une porte -, je leur dis ce que j'attendais d'eux, s’ils acceptaient de travailler avec nous.
C’était non pas une reconstitution de ce qu'ils avaient vécu en 1988, mais plutôt une évocation sensible de leur sentiment de rage et d'humiliation d'avoir été considérés à cette époque comme des sous-hommes par d’autres hommes.
Charles Belmont. "

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